La phobie sociale ou la peur des autres
Marie-Lou fait son entrée au cégep cette année. Elle a toujours eu de la facilité à l’école. C’est une jeune fille introvertie et soucieuse de bien faire les choses. Ses devoirs sont impeccables, son apparence exemplaire et son comportement admirable. Les enseignants disent d’elle que si tous les élèves se comportaient de la sorte, leur travail en serait facilité. Ils la citent souvent en exemple, ce qui fait rougir Marie-Lou, car elle déteste être le centre de l’attention ou que les regards soient tournés vers elle.
Ses amis la décrivent comme une personne timide et réservée. Cependant, Marie-Lou est à l’aise avec ceux-ci, car elle les connaît depuis l’école primaire.
Aujourd’hui, la jeune fille affronte la « grande école » et son cœur bat à tout rompre! Elle ne sait pas trop à quel endroit se diriger pour son premier cours et n’ose pas demander aux autres élèves qui circulent dans l’établissement. Elle lève à peine la tête, de peur de croiser leur regard et qu’ils s’aperçoivent qu’elle est tendue et anxieuse. S’il fallait qu’elle arrive en retard et qu’elle soit obligée de traverser la classe devant tous ces gens inconnus… Ce serait la pire humiliation pour elle!
Mais non, la voilà enfin arrivée au bon local. Elle y jette un œil afin de voir où elle pourrait s’asseoir et constate que toutes les places à l’arrière sont déjà prises. Elle doit donc s’asseoir dans les premières rangés, ce qu’elle déteste au plus haut point. Son cœur bat de plus en plus fort lorsqu’elle prend enfin un siège. Elle s’assoie doucement pour ne pas attirer l’attention et discrètement, elle observe ce que les autres ont mis sur leur table afin de faire pareil. Elle sort donc de son sac un cahier, un stylo et le livre demandé pour ce cours. Enfin, elle peut se détendre un peu jusqu’à ce que le cours commence.
Le professeur arrive et se présente. Il demande ensuite aux étudiants de se présenter à leur tour et de partager ce qui les a amenés à choisir cette discipline. Horreur! Marie-Lou ne s’entend plus penser. Ses mains deviennent moites et elle n’ose plus bouger. Lorsque arrive son tour, elle se sent déconnectée de la réalité et bafouille quelques mots presque inaudibles. Elle ne pourra plus se concentrer pour le reste de la période. Elle quitte très rapidement à la fin du cours, se disant qu’elle a fait une folle d’elle-même. Elle se dévalorisera pendant plusieurs jours par la suite.
Marie-Lou souffre de phobie sociale. En 2002, 7,1 % des femmes affirment avoir déjà souffert de phobie sociale au cours de leur vie. Ce diagnostic est posé s’il existe une peur intense et persistante lors de situations sociales où la personne est exposée au jugement d’autrui. Elle évite le plus possible les situations où elle pourrait se sentir embarrassée ou humiliée, car celles-ci lui font vivre une détresse intense qui peut aller jusqu’à l’attaque de panique (voir article). L’anxiété sociale pourrait s’apparenter à une timidité extrême et pathologique ayant un impact important sur la vie sociale, familiale et professionnelle des personnes qui en sont atteintes.
Marie-Lou ira consulter au département de psychologie de son cégep. Avec l’approche comportementale-cognitive, elle réussira à vaincre cette phobie qui lui empoisonne la vie. Marie-Lou réussira enfin ses trois années de cours et se dirigera même vers l’université afin de devenir psychologue et d’aider à son tour les gens aux prises avec cette peur du jugement des autres.