Le Mécanisme « Faire face ou fuir »
L’anxiété est un état grave de stress. Plusieurs s’entendent pour dire que l’anxiété est une étape plus avancée sur le continuum du stress. Elle peut causer une souffrance importante, nuire au fonctionnement quotidien et freiner l’épanouissement de la personne qui en souffre. Les Troubles anxieux figurent parmi les problèmes de santé mentale les plus fréquents. Ils touchent la population de tout âge, plus particulièrement les femmes et sont présents à travers toutes les couches de la société.
Selon statistique Québec,
- 13,2 % des femmes âgées de 15 ans et plus affirment avoir déjà souffert de trouble anxieux et 7,1 % affirment avoir déjà souffert de phobie sociale au cours de leur vie.
- Les femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à souffrir de trouble panique, d’agoraphobie et de trouble anxieux.
- Cet écart est plus important chez les personnes souffrant d’agoraphobie, où la proportion de femmes est trois fois plus élevée que celle des hommes.
Les symptômes de l’anxiété sont nombreux, intenses et désagréables. En situation de stress important, l’organisme qui se trouve face à une situation jugée insurmontable, se met en état d’alerte. Il s’active tant physiquement que psychologiquement, comme c’est le cas quand on a peur.
Pour bien illustrer cette réaction, imaginez un homme préhistorique qui se dirige distraitement vers sa caverne et voit soudainement apparaître un mammouth prêt à foncer sur lui. En une fraction de seconde, ce Neandertal sent son cœur battre à toute vitesse, ses mains devenir moites, ses muscles se tendre, sa respiration accélérer… Son corps vient soudainement de réagir pour faire face ou pour fuir ce danger imminent.
Ce réflexe de survie, héritage de nos ancêtres, est le même que celui que nous ressentons lorsque la peur nous envahie.
Il nous arrive à tous d’avoir peur. C’est une émotion au même titre que la joie ou la colère. Celle-ci nous sert à nous protéger contre les accidents et les agressions, au même titre que notre homme préhistorique face à son mammouth! La reconnaissance du risque nous amène à être prudent sur la route, à manipuler certains produits ou instruments avec précaution, à éviter des lieux dangereux…
La peur est donc indispensable à notre survie. Elle est tout à fait adaptée dans les situations de danger réels. Elle a pour tâche d’alerter notre corps afin qu’il se prépare à réagir rapidement. Lorsqu’une situation dangereuse est perçue, le cerveau envoie un signal d’alarme à tout le corps. Cette réaction d’alarme active certaines parties de notre cerveau (hypothalamus, amygdale). Des hormones (adrénaline, cortisol) sont relâchés et notre système nerveux sympathique envoie des signaux à différentes parties de notre corps afin de nous préparer à attaquer ou à fuir la menace.
Une fois le danger écarté, le système parasympathique est activé pour rétablir le désordre corporel enclenché par le système sympathique.
Que la menace soit réelle ou non, le système d’alarme réagit de la même façon. C’est pourquoi la simple vue d’une minuscule araignée ou la pensée d’une réunion avec son patron peut déclencher les mêmes symptômes. Ceux-ci peuvent donner l’impression que l’on manque d’air, que l’on est en train de faire une crise cardiaque, ou même que l’on va mourir… Mais rassurez-vous, ces manifestations physiques sont parfois très intenses, néanmoins elles sont normales… Il s’agit d’aller à la recherche de votre Mammouth imaginaire…
Dr Jean Huot, médecin-psychiatre. Clinique psychologique Cherrier 837, Montréal (Québec) H2L 1H6
(Traduction et adaptation du texte anglais psychoeducation de Ronald M.Rapee, Michelle Craske et David H. Barlow)